La lune rousse
Dégouline
Telle opale
De feu froid
Doux oiseaux
Plumes sanguines
Fend la nuit
Qui ondoie
La lune rousse
Dégouline
Telle opale
De feu froid
Doux oiseaux
Plumes sanguines
Fend la nuit
Qui ondoie
Une ombre oblongue se détachait du soleil. Certains jours, elle était à peine perceptible, formant un halo léger, comme la couronne de l’astre luxuriant.
Mais les jours où elle gagnait la bataille contre les rayons, sa démesure autour de l’étoile brûlante irradiait telle un trou noir, aspirant tout sur son passage.
On ne parlait pas là de l’ombre bienfaisante dont ont besoin les fraises des bois pour rougir et se gorger de sucre ou de celle formée par les persiennes en été sur le parquet des maisons anciennes : on pouvait y glisser un pied, les après-midi paresseux quand on avait dormi comme un chat dans des draps de lin ou fait l’amour sans bruit, pour ne pas troubler la quiétude des lieux.
Il était question ici d’une noirceur tranchante et froide, et dont la rapidité à croître atteignait la vitesse du son. Une ombre portée, large comme les galaxies, poussiéreuse des désespoirs assemblés comme une tumeur en son sein. Une gangue de glaise gluante.
Elle se déployait après avoir dévoré la lumière et englouti la beauté. Puis, sa pesanteur d’enclume s’affadissait, et elle reprenait en un souffle sa place et sa taille, acceptables. Mais elle ne disparaissait jamais.
Des pins brûlés
Il ne reste rien
La félicité
Partie en fumée
L’âme face à la mer
Vide, démembrée
Les flammes sont montées
Enfuie la canopée
Que deviendra la joie
Dans les cendres gelées
Le coeur asphyxié
Il paraît que la lumière
Ne sourd jamais
Que si le coeur
La laisse filtrer
Elle vient à l’âme désespérée
Quand on ne l’attend plus
La beauté
La porte à côté
Au lieu du bout du monde
Bonheur de proximité
Nos coeurs
Dans nos poings serrés
Quelle belle idée
Ce fut d’aller
Toquer à
La porte d’à côté
Alors, toi aussi
La rose qui grimpe
Le ciel qui luit
Et tu frémis
Un doigt sur ta main
Le chant du coeur
Et les étoiles explosent
Sous le marronnier
Quand les autres ne voient
Que la nuit
Sourds, aveugles et transis
Ca te ferait peur
Si je te disais
Que j’ai la mer
Dans le ventre
Une vague dans le coeur
De l’eau dans les poumons
A chaque respiration
Et dans mon estomac
Comme un banc de poissons
Je pourrais utiliser
Des mots compliqués
Comme inextinguible
Coeur incompressible
Je pourrais décrire
Comme une forcenée
Les vagues, la tempête
Que ton corps fait naître
Je pourrais me taire
Pour laisser entrer
Toute ta lumière
Ma vie irradiée
Je n’ai pas besoin d’eau
Mais je rêve de vagues
L’âme légère je ne crève
Plus
Fière au vent, roseau
Vive ardente, bateau
J’ai choisi un port, sans peine
J’avance et je vogue
Mes amarres en main,
Sereine
Suspendue à ton cou
Rage du coeur qui gronde
Dans ta nuque le vent souffle
Et mes yeux s’émeuvent
Tes cils contre mes cils
En arc-en-ciel voilé
Et l’ourlet de ta bouche
Un chef-d’oeuvre discret