L’aube qui renaît
Au faîte du marronnier
Dans le jardin poudré
Rose, orange, violet
Derrière les volets
Un amour épuisé
Retombe comme un soufflet
Des larmes de rosée
Lessivent les cœurs séchés
Nos âmes empesées
Nuages déchiquetés
L’aube qui renaît
Au faîte du marronnier
Dans le jardin poudré
Rose, orange, violet
Derrière les volets
Un amour épuisé
Retombe comme un soufflet
Des larmes de rosée
Lessivent les cœurs séchés
Nos âmes empesées
Nuages déchiquetés
Les politesses qu’on se fait
Des courbettes sans intérêt
Ouvrir son cœur semblerait
Un remède à la lâcheté
Il est vrai qu’il est facile
De détourner le profil
Mais mille sourires polis
Ne vaudront jamais un cri
Toutes ces circonvolutions
Des masques pour cœurs grognons
Des linceuls pour les pensées
Perte de temps insensée
Tant d’acrobaties pour rien
Pour se traiter comme des chiens
Sanglés dans ces impostures
Juste le calvaire qui dure
Que dois-je faire ?
Que dois-je dire ?
Que dois-je penser ?
Que dois-je hurler ?
Que dois-je taire ?
Que font mes mains
Sur ton corps
Sur ta bouche
Sur ton cœur
Je t’explose mon amour
A la figure
Une tache de plus
Sur le mur
Un refuge
Épisodique
Une chaleur
Gratuite
L’amour
En ces termes
Fait de moi
Une subalterne
Dans ma maison
Pas de bibelots
Qui ne servent à rien
Beaucoup de nuages
Souvent chargés d’eau
Et des portes verrouillées
Derrière si tu savais
Ca déborde de coeur et d’idées
Dans ma maison
Il faut oser entrer
Ne pas avoir peur
De rester
Il y fait doux et chaud
C’est un paradis caché
Pourquoi ne veux-tu pas y entrer ?
La lune rousse
Dégouline
Telle opale
De feu froid
Doux oiseaux
Plumes sanguines
Fend la nuit
Qui ondoie
Une ombre oblongue se détachait du soleil. Certains jours, elle était à peine perceptible, formant un halo léger, comme la couronne de l’astre luxuriant.
Mais les jours où elle gagnait la bataille contre les rayons, sa démesure autour de l’étoile brûlante irradiait telle un trou noir, aspirant tout sur son passage.
On ne parlait pas là de l’ombre bienfaisante dont ont besoin les fraises des bois pour rougir et se gorger de sucre ou de celle formée par les persiennes en été sur le parquet des maisons anciennes : on pouvait y glisser un pied, les après-midi paresseux quand on avait dormi comme un chat dans des draps de lin ou fait l’amour sans bruit, pour ne pas troubler la quiétude des lieux.
Il était question ici d’une noirceur tranchante et froide, et dont la rapidité à croître atteignait la vitesse du son. Une ombre portée, large comme les galaxies, poussiéreuse des désespoirs assemblés comme une tumeur en son sein. Une gangue de glaise gluante.
Elle se déployait après avoir dévoré la lumière et englouti la beauté. Puis, sa pesanteur d’enclume s’affadissait, et elle reprenait en un souffle sa place et sa taille, acceptables. Mais elle ne disparaissait jamais.
Des pins brûlés
Il ne reste rien
La félicité
Partie en fumée
L’âme face à la mer
Vide, démembrée
Les flammes sont montées
Enfuie la canopée
Que deviendra la joie
Dans les cendres gelées
Le coeur asphyxié
Il paraît que la lumière
Ne sourd jamais
Que si le coeur
La laisse filtrer
Elle vient à l’âme désespérée
Quand on ne l’attend plus
La beauté
La porte à côté
Au lieu du bout du monde
Bonheur de proximité
Nos coeurs
Dans nos poings serrés
Quelle belle idée
Ce fut d’aller
Toquer à
La porte d’à côté